12/22/2008

La pompe à chaleur, grande gagnante du pétrole cher, équipe toujours plus de villas

De plus en plus de pompes à chaleur sont installées dans les caves des villas individuelles ou dans les jardins (ici une pompe air-eau). Elles sont rentables par rapport aux citernes à mazout en deux à trois ans déjà.
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CONSTRUCTION. Pourtant plus cher à installer, le système de pompe tient désormais la vedette dans les bâtiments neufs.


Philippe Gumy - Le Temps
Mardi 23 décembre 2008



«L'engouement pour la pompe à chaleur ne se dément pas. Lorsque le prix du pétrole battait record sur record, au printemps dernier, j'étais submergé de coups de fil de propriétaires désireux de changer de mode de chauffage.» André Freymond, le responsable de l'antenne romande du Groupement promotionnel suisse pour les pompes à chaleur (GSP), n'a pratiquement pas besoin de faire de publicité pour séduire le chaland.

Rapidement rentable

L'équation est simple: si le prix du mazout est à 90 francs les 100 litres - le combustible coûtait plus cher de janvier à octobre cette année -, l'investissement supplémentaire qu'implique une pompe à chaleur peut être rentabilisé très rapidement. Même si ce type de chauffage nécessite de forer le sol, ce qui coûte dans les 60 francs le mètre (jusqu'à 150 mètres de profondeur), ou à compresser de l'air ambiant, il se révèle meilleur marché après deux ans déjà comparé à une chaudière fonctionnant au gasoil, et en sept ans par rapport à une chaudière à gaz.

Il n'est donc guère étonnant que 60 à 65% des nouvelles villas, en moyenne suisse, soient équipées de pompes et que cette proportion grimpe même à 80% dans les régions où il n'y a pas de réseau de gaz. Pour les immeubles neufs un quart environ des bâtisses sont dotées d'un tel système de chauffage.

Outre le coût avantageux, André Freymond met surtout en avant le caractère écologique du produit pour lequel il est lobbyiste. «Le bilan CO2 est extrêmement positif», note-t-il. En utilisant 1 kilowattheure (kWh) d'électricité pour faire fonctionner l'installation, cette dernière récupère gratuitement jusqu'à 3 ou 4 kWh naturellement présents dans l'environnement (le sol, l'air ou l'eau ou une combinaison de ces éléments).

A noter qu'en face, les promoteurs des énergies alternatives estiment assez unanimement que la pompe à chaleur ne doit pas être considérée comme un système «vert», car il utilise de l'électricité, dont la production nécessite notamment le recours au nucléaire. «C'est vrai, répond André Freymond, mais la consommation totale des 126000 pompes à chaleur aujourd'hui installées dans le pays représente seulement 1,5 à 1,6% de la consommation totale de courant.»

Schulthess en plein boom

Une chose est sûre: l'usager final plébiscite ce mode de chauffage. Les fabricants de pompes à chaleur le prouvent. Une petite dizaine d'industriels se partagent actuellement le marché helvétique, dont le groupe zurichois Walter Meier, l'allemand Watterkotte (qui produit notamment à Coutaman, dans le canton de Fribourg), ou encore un autre zurichois, Schulthess.

Plus connue pour ses machines à laver, cette firme dégage en fait désormais presque les deux tiers de ses ventes annuelles, attendues à 400 millions de francs cette année, dans le domaine des pompes à chaleur. La hausse des commandes pour ces dernières s'est en outre inscrite à 55% au premier semestre. Et la tendance se poursuit, assurait Schulthess début décembre. «D'ici à 2020, il devrait y avoir 300000 à 500000 pompes à chaleur installées en Suisse», abonde André Freymond. Le produit a donc toutes les chances d'être une vedette pendant de nombreuses années.

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