5/18/2009

Investir dans l’énergie reste attrayant

Le Temps - Par Youri Vorobiev*
Même en phase de baisse des cours du brut, l’efficience énergétique et la sécurité de l’approvisionnement rendent les placements dans les énergies alternatives attrayants
Les cours élevés du pétrole sont considérés comme un motif d’investissement dans les énergies alternatives. Depuis son record historique l’été dernier, le prix du baril a reculé d’environ deux tiers. La perte de compétitivité qui s’en est suivie pour les énergies alternatives a remis en cause les investissements dans ce secteur.

Efficience: potentiel élevé

Sous l’angle des coûts, les technologies telles que l’énergie solaire, éolienne et hydraulique sont nettement moins intéressantes que les énergies conventionnelles. Toutefois, les entreprises spécialisées dans l’efficience énergétique représentent aussi un segment au sein du secteur de l’énergie. Ces entreprises basent leur activité sur un constat: 80% de l’énergie produite est perdue avant même d’être utilisée. Par conséquent, la réduction des pertes d’énergie au cours de la production, de la transformation, du transport et de la consommation peut considérablement améliorer la consommation et les coûts de l’énergie, même lorsque le pétrole est bon marché. Les entreprises qui cherchent à optimiser la production d’énergie ou la transformation de l’électricité et son transport offrent donc un potentiel considérable.

La sécurité énergétique est aussi un thème majeur. Comment couvrir les besoins croissants en énergie de la planète et réduire les risques de rupture d’approvisionnement? La réponse à cette question est à rechercher du côté de la diversification et trouve sa source dans les facteurs qui mettent en péril la sécurité énergétique. En effet, la forte concentration des ressources d’énergie fossiles constitue l’un des plus grands risques à cet égard: les réserves d’énergie conventionnelle se situent dans un nombre limité de pays. Ainsi, les pays membres de l’OPEP disposent des trois quarts des réserves de pétrole mondiales contre 7% pour les pays de l’OCDE qui consomment pourtant 60% du pétrole produit. La situation est similaire pour le gaz dont plus de la moitié des réserves se concentre dans trois pays: Russie, Iran et Qatar alors que les pays de l’OCDE monopolisent plus de 50% de la consommation mondiale.

Quelques grands pays de l’UE ont pris l’entière mesure de cette dépendance en décembre dernier lorsque le conflit autour du gaz qui a opposé l’Ukraine à la Russie a entraîné une rupture de l’approvisionnement en gaz en plein hiver. La concentration des réserves d’énergie conventionnelles constitue l’un des principaux risques pour la sécurité énergétique mondiale. Toutefois, la menace croissante que représente le changement climatique n’est pas non plus négligeable. Les conditions climatiques extrêmes qui, selon les experts, n’iront qu’en s’aggravant, sont un risque à prendre très au sérieux. Les récentes catastrophes climatiques ont démontré toute l’importance de la garantie de la sécurité énergétique qui sera assurée au mieux en diversifiant les sources d’énergie et en ayant recours à des technologies plus efficientes. Dans ce contexte, les ressources renouvelables telles que l’eau, le vent, le soleil ou la biomasse jouent un rôle essentiel. Certes, ces sources d’énergie ne remplaceront pas les formes traditionnelles d’énergie à court ou moyen terme, mais un mix d’énergies pourra contribuer à la sécurité énergétique.

Cherté du brut inévitable

L’évolution de l’offre et de la demande en énergie est aussi déterminante pour l’attrait de ces investissements. Les réserves mondiales de ressources limitées telles que le pétrole brut, le gaz naturel ou l’énergie atomique commencent à s’épuiser alors que leur consommation augmente massivement depuis 100 à 150 ans. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une hausse de la demande en énergie primaire de 45% d’ici à 2030. La Chine et l’Inde consommeront à elles seules plus de la moitié de cette énergie. L’augmentation des besoins en pétrole dans le monde est essentiellement alimentée par le secteur des transports qui a prouvé par le passé sa quasi-insensibilité aux fluctuations du prix de l’or noir. Une hausse des cours du brut est donc inévitable. Ces perspectives augmentent un peu plus encore l’attrait des investissements dans les énergies renouvelables. Si l’on ajoute à cela la diversification énergétique qui devrait permettre de combler les lacunes de l’offre d’énergies traditionnelles tout en réduisant les risques liés à l’approvisionnement en énergie, le rôle décisif que les énergies alternatives seront amenées à jouer à l’avenir s’en voit particulièrement renforcé.

* Gestionnaire du Vontobel Fund – Global Trend New Power.

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