10/04/2010

Les terres rares deviennent une ressource indispensable

Par Nathanael Gabay*

Encore relativement méconnus, ces métaux non ferreux sont bien partis pour être le thème d’investissement des prochaines années.
Les terres rares regroupent, sous ce terme que d’aucuns jugeront inapproprié, 17 métaux non ferreux (dont le scandium, l’yttrium, le lanthane, par exemple) aux propriétés chimiques uniques et non substituables, parmi lesquelles l’amplification des couleurs, la réfrigération magnétique ou l’amélioration de la transmission des lasers. Dans les faits, ces molécules sont devenues indispensables à l’industrie de pointe et aux technologies du futur. On en trouve ainsi dans les écrans LCD et les téléphones portables, mais également dans les ampoules à basse consommation, les voitures électriques et les éoliennes. Les terres rares sont considérées comme une ressource clé dans le développement de l’industrie verte. A titre d’exemple, un véhicule hybride contient entre 15 et 16 kilos de terres rares et une éolienne offshore en nécessite plus de 600 kilos! La technologie militaire se développe également à partir des performances des terres rares. La haute précision des missiles dits «intelligents» a ainsi été possible grâce à la superpuissance des aimants composés de l’alliage samarium-cobalt. Cette dépendance des technologies civiles et militaires à l’égard des terres rares en a fait une ressource stratégique pour toutes les grandes nations industrialisées.

Le contexte économique actuel est particulièrement favorable à une envolée du prix des terres ­rares. En effet, l’offre actuelle (125 000 tonnes) peine à satisfaire une demande mondiale qui explose (134 000 tonnes, selon les chiffres 2009 de Lynas) et alimente la hausse des prix de la plupart des métaux rares. Ainsi le néodyme, qui est utilisé dans les moteurs hybrides et les éoliennes, a vu son prix multiplié par quatre en deux ans. Mais le principal facteur d’une explosion des prix des terres rares tient à la structure de production extrêmement concentrée. En effet, grâce à une ambitieuse politique d’investissements entamée au milieu des années 80, la Chine s’est constitué un quasi-monopole sur ce marché et fournit actuellement 95% des besoins mondiaux. Cette position dominante permet à la Chine de pousser les prix à la hausse grâce à une politique de restriction des exportations et de taxes à l’export. Et on a vu ces dernières semaines la dimension stratégique des métaux rares. En effet, lors des tensions diplomatiques entre la Chine et le Japon mi-septembre, les terres rares se sont ­révélé un outil de pression pour Pékin. Menace sérieuse pour l’industrie japonaise lorsqu’on sait que la Toyota Prius et les écrans LCD de Sony ne pourraient exister sans europium et thulium.

Doit-on alors craindre une bulle? Cela semble peu probable car les réserves mondiales de terres rares, estimées à près de 100 millions de tonnes (selon le US Geological Survey) et réparties sur l’ensemble du globe, sont largement suffisantes pour accompagner la progression de la demande. Malgré son leadership actuel, la Chine possède à peine 35% des terres rares extractibles et de nombreux gisements occidentaux ne sont pas exploités. Européens et Américains, principaux transformateurs de métaux rares, semblent donc attendre la montée des prix ou la nécessité de sécuriser leur approvisionnement pour lancer de vastes plans d’investissements miniers sur leur propre territoire.

Dans une situation de frictions entre l’offre et la demande et d’un producteur décidé à faire monter les prix, comment l’investisseur peut-il profiter du potentiel fortement haussier de ce marché? Contrairement à la majorité des métaux précieux tels que l’or ou l’argent, il n’existe pas pour les terres rares de marché à terme organisé tel que le Nymex. De plus, les sociétés spécialisées dans l’extraction de terres rares sont très majoritairement étrangères et non cotées sur les places boursières européennes, ce qui les rend difficiles d’accès pour les investisseurs suisses. Pour y remédier, la société Solactive® a créé un indice thématique sur les entreprises ­extractrices de terres rares, le Solactive® Rare Earths Performance-Index. Il suit la performance de sept à neuf valeurs parmi une liste d’une quinzaine d’entreprises dont l’activité principale est liée aux terres rares. L’indice est pondéré selon la capitalisation boursière des constituants et rebalancé tous les trimestres afin d’éviter une perte de liquidité due à un rachat ou une fusion. En Suisse, l’indice Solactive® Rare Earths Performance-Index est investissable à travers le Certificat Tracker (ISIN: CH0112278558) émis par EFG Financial Products. Il permet de suivre l’indice tant à la hausse qu’à la baisse et s’adresse donc à des investisseurs avisés en raison du risque de perte en capital. Lancé en juillet 2010, ce certificat a déjà tenu toutes ses promesses avec une progression de 83% en seulement deux mois (au 17 septembre)!

* Conseiller en investissements, EFG Financial Products AG.

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