3/21/2009

Enfin des plans de relance verts


Par César de Brito* - 23 Fev - Le Temps

Tous les pays vont dans le même sens en même temps et c’est l’essentiel
Au moment où Barack Obama signe un plan de relance de 787 milliards de dollars avec 92 milliards dédiés à l’environnement, beaucoup jugent que la crise financière aura au moins ouvert la porte aux bonnes «nouvelles» idées, mais s’agit-il vraiment de nouvelles idées? Le Club de Rome publiait déjà en 1972 un rapport sur le besoin de prendre en compte la préservation de l’environnement pour assurer notre croissance. La commission de Brundtland publiait en 1987 son rapport sur le besoin d’orienter nos économies vers un développement durable. Mais il aura fallu près de quarante ans pour que les gouvernements se mobilisent sur ces «nouvelles» idées.

Des plans de relance verts représentant plus de 1200 milliards d’euros ont été annoncés par différents pays dans le monde en plein cœur de la crise financière. Barack Obama bien sûr, mais aussi José Manuel Barroso, Nicolas Sarkozy et Gordon Brown ont affiché des objectifs clairs dans ces secteurs pour les dix prochaines années. Quatre cents milliards d’euros en France suite au Grenelle de l’Environnement, 250 milliards de dollars en Chine ou encore 38 milliards de dollars en Corée du Sud. Bien qu’il ait retenu le plus l’intérêt médiatique, le plan Obama est donc finalement dans la moyenne basse en termes d’engagement. Mais l’important est ici la dynamique: tous les pays vont dans le même sens en même temps.

La question est désormais de savoir comment cet argent va être dépensé.

Là encore, les pratiques varient d’un pays à l’autre. Certains pays utiliseront ces fonds pour baisser les taxes tandis que d’autres passeront commande d’investissements en infrastructures. Cependant, un certain nombre de secteurs font l’unanimité: les énergies renouvelables avec notamment l’éolien et le solaire, l’isolation, le secteur des traitements des déchets et de l’eau et les transports publics. Les Etats-Unis y ajoutent un plan d’investissement dans l’infrastructure de réseaux électriques, notamment dans le «smart grid» ou les réseaux intelligents permettant de faire des économies d’énergie.

Ces plans arrivent au bon moment mais pouvait-on se permettre d’attendre plus longtemps?

Aux Etats-Unis, la demande d’électricité a augmenté de 25% depuis 1990 alors que la construction de nouvelles lignes de transmissions a baissé de 30%. Le résultat est une congestion du réseau, impliquant une perte d’efficacité et donc une électricité plus chère. Même phénomène au niveau des infrastructures d’eau: les canalisations de la ville de New York, âgées de près d’un siècle, connaissent des taux de pertes de l’ordre de 80%. Un sous-investissement chronique ne peut durer et les investissements nécessaires devront être faits tôt ou tard.

L’Europe est également en retard. Une étude du cabinet Ecofys a démontré que l’isolation des bâtiments en Europe aux normes actuelles permettrait d’éviter par année l’émission de 460 millions de tonnes de CO2 ou, en termes financiers, une économie de 270 milliards d’euros (avec une hypothèse du baril à 70 dollars).

Alors pourquoi avoir autant attendu? La réponse est simple: les décisions d’investissements portaient sur des analyses de rentabilité à court terme. Personne n’était prêt à investir pour le long terme avant que la contrainte soit réellement forte.

La performance boursière des titres des secteurs verts reflète elle aussi cet état d’esprit. Beaucoup d’investisseurs recherchent des profits à court terme. Au début de la crise actuelle, alors que les bonnes nouvelles réglementaires s’accumulaient, le secteur des énergies renouvelables a connu sa plus forte baisse: l’indice S&P Clean Energy a cédé 63% en 2008. Les valorisations actuelles du secteur se sont compressées avec un ratio cours sur bénéfice moyen de 11 pour 2009, alors que la croissance moyenne attendue des bénéfices par action est de 8% après révision à la baisse des analystes. Nous pouvons dire que le marché continue de douter des perspectives du secteur. Certes nous avons vu un léger rebond, comme l’ensemble des entreprises cycliques, par rapport aux niveaux les plus bas de novembre 2008, mais il n’intègre pas l’ensemble de bonnes nouvelles liées aux plans de relance. 2009 sera une année de transition, où nous verrons l’impact progressif de l’ensemble de ces plans sur les secteurs verts. Pour un investisseur de long terme, les cours actuels sont intéressants tant en termes de prix que de risques associés.

* Gérant du fonds LODH Clean Tech

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